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jeudi 24 septembre 2015

23 septembre 2015 ; 9 ans de Yoann !

Hier notre petit grand Yoann a eu 9 ans !

Pour notre dernier jour de confinement, on a donc fêté ça ! Il m'a aidée à faire son gâteau, et nous avons "invité" nos employés à le manger avec nous !

Tout est maintenant rentré dans l'ordre à Ouaga. Le couvre-feu est passé à 23 heures, et nous avons pu inviter des amis à dîner hier soir ! Ça fait du bien de reprendre une vie sociale !

Demain les enfants reprennent le chemin de l'école, et moi mes petites habitudes.

Demain après-midi, Yoann va fêter son anniversaire avec quelques amis à la maison.





mardi 22 septembre 2015

Coup d'Etat



Coup d’Etat à Ouaga :

Tout a commencé mercredi après-midi, David était en réunion, moi à la maison et les enfants à l’école. Je me préparais à aller chercher un couple d’amis à l’aéroport qui rentraient de France. David m’a envoyé un sms me disant que le RSP (régiment de sécurité présidentiel) avait pris en otage le président Kafando, le premier ministre Zida et deux autres ministres au palais présidentiel. Je savais que le RSP devait être dissout et les militaires dispersés dans les autres régiments. Mais ceux-ci ayant des avantages importants depuis Blaise Compaoré ne l’entendaient pas de cette oreille.  Ils avaient donc des revendications, mais je ne m’attendais pas à une destitution du président de la transition ! Mady notre chauffeur est allé récupérer Yoann à l’école primaire, puis Marine au Lycée ; là, c’était la panique ; plein de parents avaient débarqué pour récupérer leurs enfants avant la fin de leurs cours. Marine était un peu affolée à son retour de l’école. Dès qu’ils sont arrivés, David est reparti à l’aéroport chercher nos amis et les déposer chez eux. Thomas est rentré du collège une heure plus tard avec notre voisin, pas stressé du tout. Le climat était normal, nos amis sont passés boire un coup à la maison. Mais ils n’ont pas trainé…on a commencé à entendre des tirs, mieux valait qu’ils rentrent chez eux.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, ça a beaucoup tiré, parfois très près de chez nous. David passait son temps sur l’ordi et au téléphone, à échanger les infos sur la situation avec ses collègues. Il faut savoir que dès la veille, les soldats ont fait fermer la radio Omega, qui relayait en temps réel les évènements. Ils ont même brûlé des motos de journalistes devant la radio. Rapidement, l’ordre a été donné par le consulat de rester confinés chez nous. Notre cuisinière n’a pas pris le risque de venir, le conducteur Mady est venu, on l’a renvoyé chez lui quand les tirs se sont calmés.
Ce qui est dingue, c’est qu’on vit « comme si de rien n’était » la plupart du temps ; je cuisine, on regarde la télé, on joue sur nos tablettes. Mais quand les coups de feu se font plus proches, on a le ventre qui se serre inévitablement. Je crains seulement les balles perdues, qui ont fait des victimes dans la rue. Mais je me dis qu’avec les hauts murs d’enceinte et les murs de la maison, nous sommes quand même en sécurité.
Nous avions créé un groupe de discussion sur viber avec quelques amies, à la base pour se donner les bons plans sur Ouaga. Il s’est transformé en relais en temps réel de l’évolution de la situation. Nous habitons dans des quartiers différents, ainsi nous savons à peu près comment vont les choses. Le RSP tire pour éviter le regroupement de la population, pour les empêcher de manifester. Tout à l’heure ça a été très chaud pour des amies vivant au bord de la route menant à la place de la révolution. Ca tirait aux armes lourdes, et les manifestants se réfugiaient dans leur rue, tentant parfois d’escalader leurs murs pour se protéger. L’une d’elle aurait eu deux balles perdues, une dans son local piscine et l’autre dans un mur.
Contrairement à d'autres personnes, je ne balance pas d’infos alarmantes sur facebook, je ne vois pas l’intérêt d’inquiéter la famille et les amis qui sont en France et qui ont très certainement une vision faussée et exagérée de la situation. Il ne faut pas oublier que personne n’en a après nous ; il nous suffit de rester sagement chez nous et d’attendre que ça se passe. 
Aujourd’hui vendredi, il y a eu des tirs, et les manifestants ont tenté de se regrouper sur la place de la Révolution.
Au moment où j’écris des tirs retentissent à nouveau pas loin. Couvre-feu à 19 heures, ce sera plus calme après je pense. Tout à l’heure je regardais un film dans lequel il y a des coups de feu et j’ai sursauté ; ça m’a fait bizarre !
Ça a un côté irréel, même quand on est en plein dedans. 

Bref, pour le moment on reste chez nous et on attend d’en savoir plus, de voir comment les choses évoluent.

Lundi, 5ème jour de confinement. Cela fait près de 3 jours qu’il n’y a pas eu un coup de feu ou mouvement de foule dans la rue, tout se passait à Ouaga 2000, à l’hôtel Laico, où des médiateurs de la CEDAEO tentaient de trouver une issue. Après 48 heures d’attente, très longues ces 48 heures, car on ne savait vraiment rien de ce qui se passait, ils sont arrivés à un accord en 13 points.
En ce qui nous concerne, ça commence à faire long, on s’occupe avec la télé, les consoles de jeu et autres tablettes ; heureusement qu’on a toujours internet, même si le débit est parfois très lent. Au niveau des appros, j’ai encore tout ce qu’il faut, et David a pu me faire un plein de fruits et légumes samedi matin à son retour de sa permanence à l’ambassade. Le seul magasin ouvert, Bingo, a été pris d’assaut, mais heureusement les légumières, dans les rues, étaient fidèles au poste !
Normalement les magasins doivent rouvrir aujourd’hui, mais je ne vais pas m’y ruer, je laisse passer les plus pressés !
Petite touche positive à tout cela ; les enfants sont ravis de ne pas aller à l’école ! 

Mardi, 6ème jour de confinement. Il ne se passe décidément rien !
Pourtant hier dans l'après-midi, on y a cru, quand on a su que l'armée, les gendarmes et les civils avaient décidé d'intervenir. Les militaires des différentes villes du Burkina ont pris la route avec leurs véhicules ; leur but, obliger le RSP à rendre les armes. Mais depuis, statut quo à nouveau, ça négocie, et on ne sait pas ce qui se passe.

Heureusement les écoles ont enfin donné un peu de travail à faire aux enfants, on a moins l'impression de tourner en rond. 
Rien de spécial à raconter...on attend !